Le book photo d’un modèle

Je ne peux que vous conseiller, encore une fois, de lire l’article sur le blog de Nath Sakura, sur les castings de modèles.

http://www.b612studio.fr/casting-modele-arnaque-photographe-montpellier/

Nous avons régulièrement des demandes de books par des jeunes gens, qui se voient mannequins, de préférence au top.

Il ne faut pas confondre un book et un dossier de présentation d’agence.

Un dossier de présentation d’agence est composé de 3 à 4 photos seulement, très simples, sans artifice et sans retouche, permettant au directeur artistique de « voir » comment est faite la personne et ce qu’il va pouvoir en faire, de l’imaginer dans d’autres styles. Pour un modèle, amener des photos avec un style, c’est déjà s’enfermer,  dans un moule, dans un « imaginaire » et par là même, limiter ses chances de trouver des jobs.

Un book, c’est un curiculum vitae pour un modèle, un acteur, un photographe. C’est montrer ce que l’on sait faire par ce que l’on a déjà fait. Pour un photographe portraitiste, c’est montrer des photos qu’il a fait, pour montrer son savoir faire, mais pour un photographe de presse,  c’est montrer les publications qu’il a eut.

Pour un modèle, c’est le même principe. Le book, ce ne sont pas les photos réalisées chez un photographe, c’est l’ensemble des photos « publiées », des jobs que le modèle a réalisé qui composent son book.

En tant que photographe, travaillant dans le monde de l’image, nous avons la responsabilité d’expliquer cela aux aspirants modèles. Dire une vérité n’est jamais une mauvaise chose, c’est créer une relation vraie. Vous pouvez ainsi décevoir quelque part la personne mais vous devez être professionnel. Rien ne vous empêche de lui faire un livre album dont elle est la vedette, mais ce n’est pas un book dans le sens ou un professionnel doit utiliser ce mot, et vous êtes des professionnels.

J’ai eu, ces jours-ci, la visite d’une charmante jeune femme pour faire un book, à partir de photos qu’elle avait. J’ai regardé ses photos, lui ai expliqué que ses photos étaient très belles et qu’elles mettaient bien en valeur le travail du photographe plus que le modèle lui-même. Et elle m’a posé la question fatidique : pensez vous que j’ai des chances pour être mannequin ?

Ma réponse a été simple :

  • quel âge avez vous ?
    Et combien mesurez vous ?
    Vous mesurez environ 1m68 ?

Oui ! Je mesure 1m68 et j’ai 20 ans.

  • Pour les défilés, vous n’êtes pas assez grande et vous êtes déjà vieille.

Je sais, c’est un peu lapidaire, mais j’ai expliqué ensuite que modèle, ce n’est pas que les défilés, le manequinat. C’est aussi des gens de toutes tailles maintenant dans la publicité, dans les magasines, des gens de tous âges. Par contre, modèle, c’est n’est pas que une esthétique. C’est aussi savoir afficher des émotions sur un visage, savoir obéir à un photographe, savoir écouter un photographe. On a donc fait une séance, peu de photos, mais des essais de transcrire des émotions, de réaliser des gestes simples et de constater que ce n’est pas toujours si facile. Faites le test avec une personne à photographier, de lui faire caresser la lèvre inférieur avec un doigt, ou de le mordiller sensuellement, et vous verrez que ce petit geste, si simple, si anodin et fait si facilement de manière automatique, devient d’une complexité et d’un inesthétique quand vous le demandez.

Modèle, ce n’est pas être devant un appareil, c’est poser devant un appareil. Comme un danseur, c’est connaitre son corps, savoir l’image qu’il donne dans telle posture, savoir qu’elle émotion il transcrit, savoir penser à la bonne chose pour transcrire la bonne émotion. Savoir écouter le photographe aussi. C’est un métier, avec ses dificultés et ses contraintes.

Stéphane Riou
présidence du GNPP Ile de France